Des milliers d’animaux accueillis dans les refuges, une diminution inquiétante du nombre d’adoptions, et une hausse notable des actions de lutte contre la maltraitance : la Société Protectrice des Animaux (SPA) dresse un constat alarmant pour l’année 2024. En dépit des efforts incessants de ses 64 refuges et Maisons SPA répartis sur tout le territoire, l’association fait face à une conjoncture défavorable et appelle chacun à prendre conscience de la gravité de la situation.
Au total, 43 742 animaux, chiens, chats, NAC (Nouveaux Animaux de Compagnie), équidés et animaux de ferme ont été pris en charge en 2024. Sur ce nombre, 39 863 seulement ont trouvé un foyer, ce qui représente une baisse préoccupante par rapport à l’année précédente. Dans le même temps, la SPA souligne que les abandons et la maltraitance continuent de faire des ravages. Son Service Judiciaire Protection Animale a dû intensifier les interventions, notamment en partenariat avec les forces de l’ordre.
Une baisse alarmante des adoptions
L’année 2024 a vu reculer le taux d’adoptions, surtout pour les chiens. De 12 253 chiens recueillis, seuls 11 683 ont pu être adoptés, soit une baisse de 6,4 % par rapport à 2023. Pour les chats, le bilan est plus nuancé avec 25 703 adoptions (+2 %), mais reste insuffisant pour compenser la tendance globale à la baisse.
Parmi les causes identifiées, la SPA pointe d’abord les difficultés économiques rencontrées par de nombreux ménages. Assumer les soins (vétérinaire, alimentation, accessoires) devient un luxe pour certains. La hausse des prix de l’énergie ou de l’alimentation animale peut décourager un foyer à l’idée d’adopter un chat ou un chien.
S’ajoute à cela le phénomène des races « à la mode ». Les Malinois, American Staffordshire Terrier ou Bergers Australiens ont connu un engouement rapide, notamment via les réseaux sociaux. Dans les faits, ces chiens demandent un investissement important en temps et en éducation. De nombreux propriétaires se retrouvent dépassés et, hélas, l’animal finit par être abandonné dans un refuge.
Malgré tout, la SPA rappelle que tout abandon pourrait être évité si les futurs adoptants se renseignaient davantage avant d’accueillir un compagnon. Les refuges ont besoin de libérer des places pour prendre en charge de nouveaux arrivants, notamment ceux retirés pour mauvais traitements.

Une mobilisation renforcée contre la maltraitance
En parallèle de la baisse des adoptions, la SPA a intensifié ses actions de lutte contre la maltraitance animale. Sur les douze derniers mois, elle a reçu 21 256 signalements, menant à 208 opérations de saisie dans le cadre de procédures judiciaires. À la clé, 3 114 animaux ont pu être sauvés de conditions de vie indignes.
La coopération entamée en 2023 avec les Ministères de l’Intérieur et de l’Agriculture s’est élargie en 2024. Les forces de l’ordre adressent plus fréquemment leurs sollicitations d’intervention à la SPA, avec une hausse de 29 % des demandes. Une convention a également été signée avec la Direction Générale de la Gendarmerie Nationale pour coordonner davantage les enquêtes.
Cette collaboration accrue se traduit par des résultats concrets sur le terrain. Chaque signalement déclenche une enquête, qui peut mener à la saisie des animaux et à des poursuites judiciaires contre les propriétaires maltraitants. C’est ainsi que les équipes de la SPA agissent au plus près des situations d’urgence, souvent en lien avec la justice pour faire valoir les droits des animaux.
Par ailleurs, de nombreux propriétaires en grande précarité peinent à nourrir ou soigner convenablement leurs compagnons. Pour parer ces difficultés, la SPA a soigné 46 970 animaux dans ses dispensaires (+3,6 % vs 2023). Elle propose des consultations vétérinaires à tarif solidaire, un geste qui peut éviter qu’un propriétaire sans ressources ne doive se séparer de son animal.
Former et soutenir : l’importance de l’action collective
La SPA est consciente que la prévention est un levier majeur pour endiguer l’abandon et la maltraitance sur le long terme. C’est pourquoi elle continue de multiplier les initiatives éducatives. En 2024, 13 458 enfants ont été sensibilisés au respect des animaux lors d’interventions pédagogiques en milieu scolaire. Par ailleurs, 43 Clubs jeunes, dont 4 nouvellement créés, accueillent 535 adolescents pour leur offrir une immersion concrète dans la vie d’un refuge.
En plus de cette mission d’éducation, la SPA a renforcé son soutien financier aux associations de protection animale locales :
- 355 associations aidées en 2024,
- 377 000 € distribués (+30 % par rapport à 2023).
Objectif ? Former un réseau solidaire, capable de prendre en charge un maximum d’animaux et de répondre aux urgences sur le terrain. À horizon 2027, la SPA ambitionne de consacrer 1 % de son budget global aux associations et aux propriétaires les plus fragiles.
L’année 2024 s’achève donc sur un bilan contrasté : d’un côté, une baisse des adoptions et une pression constante sur les refuges, de l’autre, des actions intensifiées pour sauver les animaux en détresse, épauler les foyers en difficulté et sensibiliser la jeunesse à la cause animale.
« En 2024, la SPA a de nouveau intensifié ses efforts pour lutter contre la maltraitance et encourager les adoptions, malgré une baisse préoccupante concernant les chiens. Un réveil collectif est nécessaire face à la notion d’“animal objet” pour mettre fin au fléau de l’abandon et de la maltraitance. […] Cependant, cette mobilisation ne peut se faire sans le soutien des pouvoirs publics, qui doivent s’impliquer davantage en appuyant nos initiatives et en instaurant une législation plus rigoureuse. »
(Extrait du communiqué officiel de Jacques-Charles Fombonne, président de la SPA.)
Au vu des chiffres recueillis par la SPA, il est évident que l’année 2024 ne marque pas la fin des défis autour de la protection animale. Les refuges français se retrouvent face à une double urgence : le manque d’adoptions, surtout pour les chiens, et l’afflux permanent d’animaux en souffrance. Pour maintenir leur mission, les équipes de la SPA doivent compter sur la solidarité des citoyens, mais aussi sur un soutien renforcé des pouvoirs publics.
Chaque adoption concrétisée libère une place dans un refuge et change, à terme, la vie d’un animal. Chaque signalement de maltraitance transmis permet de sauver une victime de mauvais traitements. Chaque euro investi dans un dispensaire ou un refuge participe à l’effort collectif pour offrir dignité, soins et protection aux animaux.
Il appartient à chacun de faire sa part. Car au-delà des statistiques, ce sont des milliers d’êtres sensibles qui, chaque année, attendent derrière des barreaux que la main d’un adoptant se tende vers eux. La SPA en est convaincue : avec le concours de tous, 2025 peut être une année décisive pour construire un avenir meilleur pour nos compagnons à quatre pattes.