Le chien est le premier animal à avoir été domestiqué. Il vit au contact de l’Homme depuis des siècles et s’est adapté à son mode de vie. Humains et chiens ont longtemps évolué côte à côte et la frontière entre l’Homme et l’animal est devenue de plus en plus difficile à cerner. L’expression « le chien est le meilleur ami de l’Homme » peut en témoigner. Celui qui l’emploie fait du chien son semblable, mais peut rapidement oublier qu’un animal possède des instincts différents de celui des humains.
En effet, les chiens possèdent leur propre langage, leur propre façon d’appréhender le monde. Ils demeurent de ce fait très différents des Hommes malgré leurs incroyables facultés à s’adapter.
Il est naturel d’anthropomorphiser, c’est-à-dire de donner un caractère humain à un phénomène observé. De cette façon nous pouvons mieux nous le représenter, nous l’approprier mais cela nous écarte cependant de la réalité. Car il ne faut pas oublier qu’un chien reste un chien même au contact des humains.
Cette tendance est à l’origine de nombreux quiproquos, car elle nous fait chercher une réponse humaine à un problème canin et peut nous amener à tirer des conclusions hâtives, qui ne sont pas toujours valables en définitive.
Ce manque de compréhension est à la base de nombreux problèmes relationnels. Il nous faut apprendre à mieux communiquer en se détachant de notre égo. C’est ainsi qu’une relation saine peut se créer entre deux êtres humains, il en est de même pour l’Homme et le chien.
Mais comment se défaire de cette fâcheuse tendance à anthropomorphiser ? Quelles sont les réactions humaines les plus fréquentes à éviter ? Comment aimer son chien pour ce qu’il est ?
Un besoin de s’identifier
À la base de l’anthropomorphisme il y a un désir de mieux s’approprier un sujet. Rendre humain permet de rester en terre connue. On se met « à la place » du chien, on se demande comment on réagirait dans sa peau. Bien que ce comportement parte de très bonnes intentions, il ne peut qu’embrumer la relation entre l’Homme et l’animal car le chien quoi qu’il arrive reste un chien et n’aura pas toujours les mêmes réactions que nous dans une situation donnée.
Cette tendance à anthropomorphiser nos animaux a été encouragée dans notre enfance par les livres, les dessins animés et même les films mettant en scène des chiens qui se mettent à parler et qui peuvent parfois porter des vêtements ou encore se déplacer sur leurs deux pattes arrières. Ces représentations ancrent dans l’esprit l’image du « chien humain » que l’on va avoir tendance à traiter par la suite comme un Homme ou un enfant et non comme l’animal qu’il est.
Certains voient une marque d’amour dans le fait de traiter son chien comme un membre de la famille, pourtant le véritable respect ne serait-il pas de reconnaître l’animal pour ce qu’il est et non comme ce que nous voudrions qu’il soit ?
Si nous voulons correctement éduquer nos animaux nous devons reconnaître leur nature profonde, cela n’enlèvera rien à l’affection que nous pouvons leur porter, au contraire, elle en sera renforcée car une vraie relation pourra alors s’instaurer.
Le chien ne vit que l’instant présent
Une des erreurs les plus courantes en éducation canine est de croire que le chien peut relier des actions passées à une situation présente. C’est une chose, que nous les humains, faisons naturellement et il ne nous vient pas à l’esprit que cela soit impossible pour nos compagnons à quatre pattes. Pourtant, c’est ainsi : les chiens ne vivent que l’instant présent et ne peuvent associer des idées que lors d’une situation immédiate.
Il est par exemple inutile de gronder un chien pour une bêtise qu’il a fait plusieurs heures auparavant. Le cas le plus courant est de retrouver un pipi sur la moquette alors que l’on s’était absenté quelques temps. Quand la faute est découverte, nous avons souvent le réflexe de montrer le pipi au chien en le grondant pour lui montrer qu’il ne doit plus recommencer.
Un tel comportement est pourtant inutile car un chien n’a pas la capacité de faire le lien entre le pipi présent et l’action qui a eu lieu des heures auparavant. Pour le chien cela signifiera : « quand mon maitre rentre, je me fais gronder ».
Si nous voulons que le chien comprenne il faut que celui-ci soit surpris en train de faire la bêtise. Dire fermement « non » au chien en le guidant dehors lui fera comprendre qu’il ne doit pas se soulager à cet endroit.
Il arrive que les gens constatent que leur animal parait coupable quand ils rentrent chez eux et se mettent alors à chercher les bêtises dans la maison. Parfois un pipi est effectivement trouvé et parfois non. En effet, si le chien paraît mal à l’aise ce n’est pas parce qu’il est conscient de la bêtise qu’il a fait comme tout bon humain pourrait le penser. C’est simplement qu’il a associé le retour de son maître à une potentielle punition et se prépare déjà à cela. L’Homme de son côté y voit la marque d’une culpabilité mais il n’en est rien. Il s’agit une fois de plus de garder à l’esprit que le chien a une vision du monde différente de la nôtre.
Sur le même principe un autre quiproquo est fréquent lors de l’apprentissage du rappel.
Prenons l’exemple d’une personne qui promène son chien et le laisse détaché un moment pour qu’il puisse gambader. Mais un cycliste arrive au loin et le chien se met à courir dans sa direction. Le maître rappelle son animal mais celui-ci ne répond pas de suite, il aboie et continue dans sa trajectoire. À force d’être rappelé le chien finit par écouter et revenir sur ses pas pour se mettre au pied de son maître.
Ce dernier, furieux d’avoir dû appeler si longtemps gronde son chien pour l’inciter à ne plus recommencer. Ce comportement est assez courant car une fois de plus la personne agit en croyant que le chien peut se projeter dans son passé.
Dans cette situation le chien comprendra : « quand je viens au pied de mon maître je me fais gronder » et non « quand je n’écoute pas mon maître je me fais gronder » car cela s’est déroulé dans le passé (même s’il ne s’agit que de quelques minutes) et la réalité présente est que le chien se trouve au pied de son maître, obéissant. C’est sur cette réalité présente que doit porter le « non » ou la récompense. Et dans le cas présent, le maître doit au contraire féliciter son chien d’être venu à ses pieds malgré son envie de courir après le cycliste. L’Homme doit passer sur le fait que le chien n’ait pas répondu de suite à son ordre car cette évènement appartient déjà au passé dans l’esprit de l’animal.
J’ai connu bon nombre de chiens que ne répondaient plus au rappel parce qu’ils s’étaient trop souvent fait gronder et préféraient éviter la punition, ce que l’on peut aisément comprendre. C’est aussi pour cela que l’éducation doit se faire sur un système de récompense et non de répression. La voie de la peur n’est jamais une bonne solution et même si elle peut être efficace un temps, elle risque fort de créer des chiens agressifs et imprévisibles par la suite.
Le besoin de contrôle et de perfection
En tant qu’humain nous sommes souvent dans une recherche de perfection. Elle varie selon les personnalités mais reste toujours présente dans le fond. Nous cherchons naturellement à faire au mieux, ayant parfois à l’esprit une image très stricte de la perfection.
Il en est de même dans la relation avec notre chien. Il arrive souvent que l’on ait une idée bien définie du « chien parfait » et de comment il devrait se comporter. S’il ne convient pas à cette image, alors nous estimons que les choses ne sont pas comme elles devraient être et nous cherchons un moyen pour y remédier.
Pourtant, il n’existe pas de chien parfait. Chacun a ses qualités et ses défauts et s’il est vrai que certains comportements indésirables ne doivent pas être tolérés, d’autres, plus légers, se doivent aussi d’être acceptés.
Il est dans la nature humaine de chercher à contrôler les choses et le lâcher-prise n’est pas toujours évident. Nous oublions trop souvent de faire confiance à nos animaux. Ils sont pourtant capables de nous étonner mais encore faut-il que nous leur en laissions l’occasion.
Certains comportements comme le grognement envers d’autres congénères par exemple, sont difficilement tolérés par les propriétaires de chien. En effet, ils voient là une attitude dangereuse et agressive alors qu’en langage canin, le grognement est seulement un avertissement. Il est inutile de réprimander un chien qui grogne. L’idéal est de le laisser « gérer » la situation tout en gardant un œil dessus bien entendu. La plupart du temps il n’y aura pas d’altercation. Le grognement est simplement un signal qui est envoyé à l’autre chien, c’est une façon de le mettre en garde. L’animal en face percevra ce message et agira en conséquence : il ne provoquera pas davantage le chien et se soumettra.
Il est important de laisser les animaux communiquer entre eux, sans chercher à intervenir. L’intervention de l’homme envenime souvent une situation qui aurait été facilement réglée s’il ne s’en était pas mêlé.
En tant qu’humain, nous avons le devoir de veiller sur nos animaux, mais nous devons aussi leur laisser un espace de liberté dans lequel ils puissent vivre leur vie. C’est aussi pour cette raison qu’il est vital qu’un chien ait un espace bien à lui, comme un panier ou une niche. Chaque animal a besoin d’un endroit où il puisse se retrouver seul et en sécurité. Cela contribuera à son équilibre intérieur et lui permettra de préserver son intégrité.
Les animaux : reflets de l’âme humaine
Les animaux agissent comme des miroirs, ils nous renvoient notre humeur du moment, ce sont des êtres sensibles qui s’imprègnent de nos énergies comme de véritables éponges.
Cela est d’autant plus vrai pour les chiens qui vivent auprès des Hommes depuis des siècles, dans leur quotidien. Ne dit-on pas que les chiens ressemblent souvent à leur maître ? Vous n’avez jamais remarqué ? Et cela tant physiquement que dans les traits de caractère.
Étrange non ? Des psychologues se sont justement penchés sur la question, détaillée dans l’ouvrage « Pourquoi les gens ont-ils la même tête que leur chien ? » De Serge Ciccotti et Nicolas Guéguen »
Il a été remarqué que des personnes vivants longtemps côte à côte finissent pas se ressembler. C’est souvent le cas pour les vieux couples par exemple. Les individus vont peu à peu développer des façons similaires de parler, de marcher, de se comporter. Comme si nous nous contaminions sans le vouloir et surtout sans nous en rendre compte.
Il paraît tout à fait possible que le même phénomène se produise avec nos animaux, ce qui expliquerait ces similitudes. Et sur le plan physique ? Aucune théorie n’a pu réellement expliquer ce phénomène, les chercheurs en ont déduit que les gens ont coutume de choisir des chiens qui leur ressemblent, dans une tendance quelque peu narcissique.
Quoi qu’il en soit, chacun s’accordera pour dire que les animaux sont pourvus d’une sensibilité à fleur de peau, et qu’ils absorbent ainsi nos émotions les plus subtiles.
Alors, si votre chien présente des problèmes de comportements particuliers, prenez le temps de bien les analyser. Faites le tour de votre vie, essayez de déceler s’il ne s’agirait pas là d’un reflet que votre chien vous renverrait.
Votre chien est angoissé ? Ne seriez-vous pas dans une période stressante en ce moment ?
Votre chien se montre agressif envers ses congénères ? N’êtes-vous pas vous-même sur la défensive quant aux nouvelles rencontres ?
Nos animaux de compagnie sont un fabuleux moyen pour apprendre à mieux nous connaître et travailler sur nous-même. En changeant notre propre façon de nous comporter, nous aidons déjà nos animaux à aller mieux. La grande majorité des problèmes de comportements canins trouvent leur source dans notre propre vie. Une fois que nous avons accepté notre part de responsabilité, l’éducation canine peut s’avérer être une profonde expérience d’amour envers soi et l’animal.
Ainsi, si nous voulons vivre harmonieusement avec notre animal de compagnie gardons à l’esprit ses différences, les spécificités de son espèce. Respectons-les. Tout bon maître devrait se renseigner sur le langage canin afin de mieux comprendre son chien et éviter une anthropomorphisation souvent trop présente. C’est à nous que revient la responsabilité de se renseigner, d’étudier les spécificités canines pour mieux appréhender notre animal.
Si nous parvenons à accepter que les causes d’un problème sont rarement extérieures et que les chiens perturbés « de nature » n’existent pas, nous ferons l’expérience d’une éducation nouvelle basée sur l’écoute, l’observation et l’amour. C’est tout ce que je vous souhaite.
Bonjour,
Merci pour cet article très intéressant , instructif et combien vrai.
Bonjour Nadine,
Merci à vous d’avoir pris le temps de lire mon article.
Je vous souhaite une belle journée,
Chloé